Page Executive : La Belgique, un réservoir de talents pour le secteur financier luxembourgeois ?

Lorraine Le Pomellec - Page Executive
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Le secteur financier luxembourgeois recrute des talents belges sur le marché local ou tente de les attirer vers le Grand-Duché. Bien que le Luxembourg reste le pays de prédilection pour les Belges souhaitant travailler à l’étranger, le nombre de Belges employés au Luxembourg stagne.

La Belgique représentait un marché de 500 milliards d’euros d’actifs fin 2024. Les banques privées ont encore des parts de marché à gagner, notamment en Flandre. Certaines banques luxembourgeoises recrutent des talents néerlandophones sur le marché local : c’est notamment le cas de la Banque de Luxembourg.

Les candidats belges ciblés par les banques luxembourgeoises sont principalement des private bankers néerlandophones, susceptibles de gagner des parts de marché auprès des PME flamandes. Attirer ces candidats disposant d’un réseau local reste un défi majeur, en particulier pour les banques privées traditionnelles ou les family offices, qui offrent peu de flexibilité — que ce soit en matière de télétravail ou de composition du package salarial.

D’autres banques tentent d’attirer les candidats belges en leur proposant un contrat luxembourgeois, comme la BGL BNP. En pratique, les mouvements entre la Belgique et le Luxembourg restent néanmoins assez complexes. Le Statec (Institut national de la statistique et des études économiques du Luxembourg) a récemment indiqué qu’au troisième trimestre 2024, le nombre de frontaliers belges n’avait pas augmenté. Une progression de 1 % avait été enregistrée, portant à plus de 48 000 le nombre de travailleurs belges franchissant quotidiennement la frontière pour travailler au Luxembourg en 2023.

Ces cinq dernières années, le cabinet de recrutement Page Group, a observé uniquement trois recrutements de candidats ayant déménagé de la Belgique vers le Luxembourg pour occuper des postes de private banker ou d’estate planner. Selon Michael Page Luxembourg, 99 % des recrutements dans le secteur bancaire concernent des candidats déjà présents sur place. Même au sein des grands groupes bancaires internationaux, la mobilité interne reste difficile.

Pénurie de talents

Depuis quelques années, le Luxembourg peine à attirer de nouveaux talents. Les responsables des ressources humaines mentionnent trois principaux obstacles : le coût élevé du logement, l’interdiction du télétravail pour les frontaliers et une mobilité interne complexe.

Cela représente un défi majeur pour un pays dont le secteur financier représente environ 25 % du PIB. Banques, gérants d’actifs, fonds d’investissement et compagnies d’assurance sont en quête permanente de talents pour soutenir leur croissance. Mais le manque de personnel qualifié compromet leur capacité à répondre à la demande du marché.

Outre les causes déjà évoquées, plusieurs défis s’ajoutent :

  • la complexité croissante des métiers (l’essor des fintech et l’inflation réglementaire nécessitent des profils rares),
  • la concurrence internationale : le Luxembourg est en concurrence avec d’autres grandes villes comme Paris et Bruxelles, où le télétravail est plus développé,
  • une offre locale limitée : en raison de sa population restreinte, le pays a du mal à former suffisamment de talents localement. Les universités s’efforcent de combler cet écart, mais l’offre reste inférieure à la demande.

Le Journal officiel du Grand-Duché de Luxembourg de fin mars 2025 cite, parmi les professions souffrant des plus fortes pénuries, les analystes crédit et risque, les spécialistes KYC, les banquiers privés et les métiers de front office sur les marchés financiers.

La question demeure : le nombre de Belges souhaitant travailler pour un employeur luxembourgeois repartira-t-il à la hausse ? Le Luxembourg reste toujours en tête des destinations étrangères choisies par les travailleurs belges, devant les Pays-Bas et la France. De plus, le Grand-Duché a réformé son régime fiscal début 2025 pour les impatriés, le rendant plus simple et plus attractif.

Lorraine le Pomellec est partenaire chez Page Executive. Elle recrute des talents pour les services financiers, les banques, les compagnies d’assurance et les fonds de private equity, avec une spécialisation en compliance, juridique, risques, opérations, finances, ventes et marketing. Elle couvre les marchés belge et luxembourgeois.