Carmignac : Le retour de l'inflation annonce un nouvel ordre mondial

Carmignac: De terugkeer van inflatie markeert de nieuwe wereldorde

Le retour de l'inflation annonce un nouvel ordre mondial et aura des effets durables sur les investissements réalisés. « Nous devons sortir du dogme de la déflation et adopter un état d’esprit qui correspond mieux au nouveau paysage en train de s’esquisser », affirme Frédéric Leroux, responsable de l’équipe Cross Asset chez Carmignac.

Selon ce dernier, les mêmes tendances structurelles qui ont alimenté la désinflation au cours des quatre décennies écoulées semblent désormais tirer les prix vers le haut. Concrètement, la population active mondiale augmente moins qu’autrefois, le volume des échanges commerciaux mondiaux est stable depuis quinze ans déjà et les sites de vente en ligne relèvent leurs prix depuis la crise sanitaire, ce qui pourrait signifier que la pression déflationniste de l’e-commerce est en train de s’estomper.

« Pour toutes ces raisons, l’inflation pourrait bien être un phénomène plus durable qu'on ne le pensait initialement. Les problèmes rencontrés dans de nombreuses chaînes d’approvisionnement ainsi que la guerre en Ukraine ont mis en lumière les dépendances dans le secteur de l’énergie, de la défense et de la production. En réponse, les pays développés commencent à se réindustrialiser. En outre, les aspirations à une économie plus éthique pourraient bien alimenter cette tendance inflationniste pendant longtemps. Aux États-Unis, les salaires augmentent pour la première fois depuis plusieurs décennies, ce qui contribue à installer l’inflation dans la durée », explique Frédéric Leroux, qui estime qu’une longue période d'inflation soutenue est plus probable qu'un retour à une inflation modérée.

Ce scénario est selon lui confirmé par les tentatives laborieuses des banques centrales pour brider l’inflation ; rappelons d’ailleurs que ces dernières ne sont jusqu'ici pas non plus parvenues à créer de l'inflation. « Ce phénomène témoigne de la puissance de ces tendances structurelles, qui révèlent une inversion. Les banques centrales et les dirigeants politiques ne doivent pas perdre le contrôle de l’inflation, mais ils ne doivent pas non plus lutter trop vigoureusement contre la hausse des prix, au risque de détruire l’économie. [...]

Je crains que l’Europe ne soit pas encore prête pour cet état d’esprit. À en juger par les valorisations des produits indexés sur l’inflation, les opérateurs estiment qu’en Europe, l’inflation sera revenue à 2-2,5% d'ici 18 mois. Or, cette trajectoire baissière peut aussi prendre plus longtemps. À force de vouloir à tout prix mener une politique désinflationniste, les grands argentiers plongeront probablement l’économie dans une profonde récession. »

Fabriquer de nouveau sur le sol européen
Selon lui, les pays européens vont générer une inflation supplémentaire s'ils rapatrient les facilités de production pour réduire leur dépendance à l'énergie, à l’industrie et à la défense. « Cela impliquerait que les usines soient réimplantées sur le sol européen et que les industries disparues soient recréées. La France est un candidat parfait pour cette relocalisation, puisque ses centrales nucléaires lui offrent un important avantage concurrentiel ».

Pour le spécialiste de Carmignac, les investisseurs actifs profiteront du retour du cycle conjoncturel découlant de l’inflation. En effet, l’investissement actif se base notamment sur l’identification rapide des points d’inflexion dans le cycle conjoncturel. « Le retour du cycle conjoncturel résultant de l’inflation est un thème important pour les investisseurs. Lors d’un cycle régulier, symétrique, on constate une alternance entre la surperformance des actions et des obligations, des actions axées sur la valeur et des actions cycliques, des obligations d’entreprises et des emprunts d’État, ou encore du dollar et de l’or. Connaître la puissance de ces forces inflationnistes structurelles (et, en tant que stratège de l'investissement, je les ai soigneusement étudiées) permet d’anticiper l'orientation des marchés. »

On dit souvent que l'inflation représente une menace cachée pour le portefeuille ; en effet, un taux d'inflation de 3 % peut amputer de près d’un quart la valeur d'un patrimoine en dix ans seulement. Dès lors, quels sont les choix d’investissement à faire lorsque l’inflation élevée persiste ?

La Grande Inflation
Frédéric Leroux considère la Grande Inflation, une période déterminante sur le plan macroéconomique, puisqu’elle a amené les économistes à reconsidérer la politique des banques centrales, augure la période à venir. « Entre 1965 et 1982, une corrélation inversée claire existait entre l’inflation et les marchés d’actions. En prenant cette période pour exemple, les investisseurs peuvent anticiper et vendre leurs actions cycliques au profit d’actions de croissance, choisir la bonne duration et investir dans les matières premières et l’or. »