L’instabilité géopolitique de ces dernières années a mis en évidence les risques de la mondialisation, notamment en matière d’énergie. Les conflits en cours en Europe et au Moyen-Orient ont menacé l’approvisionnement régulier en pétrole et en gaz, et la pandémie de Covid-19 a marqué le début d’une période de plusieurs années de perturbations mondiales.
« La dynamique de mondialisation à laquelle nous assistons actuellement a accéléré la nécessité pour les gouvernements de trouver rapidement des sources d’énergie sûres présentant un faible risque géopolitique – des approvisionnements conventionnels plus proches de chez eux ou dans des pays stables et démocratiques », explique Mark Lacey, responsable des actions thématiques chez Schroders. « Par conséquent, la sécurité énergétique est devenue un facteur d’une extrême importance. Il s’agit d’une question économique complexe à court et à long terme. Elle revêt aussi une dimension politique, à la fois au niveau national et mondial.
Transition énergétique
La diversification et la sécurité énergétique figurent désormais en tête des priorités des gouvernements. Il s’agit d’accélérer la transition énergétique du point de vue du changement climatique, mais aussi de ne pas être à la traîne du point de vue de la sécurité énergétique. Telles sont les deux motivations. À court terme, la sécurité énergétique et l’élaboration de différents modes d’approvisionnement en énergie à partir de sources d’énergie renouvelables seront mises en œuvre dans les années à venir.
La décarbonation est un autre facteur de taille en matière de recherche de la sécurité énergétique, bien qu’elle aille de pair avec un délai plus long. La durabilité et la résilience peuvent faire bon ménage en matière d’énergie, car la décarbonation et l’électrification du système énergétique sont un moyen de mettre fin à la dépendance énergétique tout en s’efforçant d’atteindre des émissions nettes nulles.
Dans le cadre des efforts déployés par les pays pour décarboner le système énergétique, le développement de l’énergie éolienne et solaire et du réseau électrique s’accélérera, ainsi que celui de technologies plus récentes telles que le stockage par batterie, le captage du carbone, l’hydrogène et l’énergie nucléaire. Une infrastructure de réseau est également nécessaire pour faire face à l’accroissement de la charge intermittente d’électricité provenant des énergies renouvelables.
Au fur et à mesure de l’abandon progressif de certaines méthodes traditionnelles de production d’électricité – par exemple, les centrales électriques au charbon construites dans les années 1950 et qui sont en cours de démantèlement – il est nécessaire de trouver de nouvelles sources d’énergie pour combler le vide. Les sources d’énergie renouvelables telles que l’énergie éolienne et solaire devront jouer un rôle plus important, ce qui nécessitera de sérieux investissements.
Les énergies renouvelables présentent l’avantage supplémentaire que les sources d’énergie fossiles telles que le pétrole et le gaz se trouvent généralement dans des régions inaccessibles ou géopolitiquement difficiles. La plupart des pays ont accès à l’énergie éolienne ou solaire et possèdent eux-mêmes les actifs : un aspect très intéressant du point de vue de la sécurité énergétique.
Ainsi, en fin de compte, le développement d’un approvisionnement national en énergie renouvelable pourrait nous rendre beaucoup moins sensibles aux chocs géopolitiques tels que la guerre, le terrorisme et les événements sanitaires mondiaux. Cependant, cela peut nécessiter un capital de départ d’une ampleur jamais vue auparavant.
Une approche hybride est nécessaire
Le choix de la sécurité énergétique n’est pas un choix binaire. Il ne s’agit pas de choisir entre « conventionnel » ou « renouvelable ». Au lieu de cela, une approche hybride sera nécessaire. Selon M. Lacey, les grandes entreprises d’énergie conventionnelle sont une partie importante de la solution, plutôt qu’une partie du problème, et avec la dynamique de la tendance à la décarbonation, ces entreprises devront montrer leur capacité à s’adapter en conséquence à des sources d’énergie renouvelables à forte croissance.
Le chaos actuel dans le monde ne devrait pas s’apaiser de sitôt. Par conséquent, la sécurité énergétique continuera d’être une préoccupation majeure pour les gouvernements, les consommateurs et les investisseurs. Pour aller de l’avant, il faudra prendre des mesures à la fois tactiques et stratégiques répondant aux besoins immédiats, tout en tenant compte des tendances à long terme, telles que la décarbonation et la démondialisation.
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