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Lombard Odier: « Nous ne suivons pas l'industrialisation du secteur »

Depuis Bruxelles, Lombard Odier est au service de ses clients belges fortunés, qui présentent majoritairement un profil entrepreneurial. La banque privée ne suit pas le modèle d'industrialisation qui progresse dans le secteur bancaire privé en Belgique. Les fonds de profil ne sont pas une fin, mais un début.

C'est ce que déclare Yves Dumon (photo), le responsable de la succursale belge, lors d’un entretien exclusif avec Investment Officer. Il est responsable de la succursale belge et peut se prévaloir d'une longue expérience dans le secteur, y compris à l'étranger. « Lombard Odier est un partenariat qui remonte à 224 ans déjà. Nous gérons environ 300 milliards de francs suisses au niveau du groupe et comptons 2500 collaborateurs.

Nous en sommes maintenant à la septième génération, ce qui est tout à fait unique dans le paysage belge. Les sept managing partners détiennent l’entreprise. En outre, la banque compte un certain nombre de capital partners, dont Patrick Dequae, le fondateur de la succursale belge. Et, très important, ils ont aussi des contacts réguliers avec les clients. Chez nous, chacun est banquier et ressent donc bien les opportunités et les défis. Nous sommes des entrepreneurs pour les entrepreneurs. Cette configuration nous permet également travailler de manière totalement indépendante. On le sent dans l'ADN de cette entreprise, avec des lignes courtes. Nous pouvons aussi réagir très rapidement. » 

Clientèle belge

Grâce à son expérience londonienne, Dumon peut également fournir un éclairage concernant les caractéristiques spécifiques des clients belges. « Chez nous, les clients belges sont tous onshore. Nous comptons de nombreux entrepreneurs parmi nos clients, mais il est bien entendu impossible d’établir un profil de client spécifique. Ce qui est cependant frappant, c'est que nos clients osent réagir rapidement et voient des opportunités là où la masse voit plutôt des risques. Ils accordent également une grande importance à la fintech et à la durabilité. Ils veulent une approche et une gestion individualisées. 

Je constate cependant une tendance à l'industrialisation sur le marché belge. De nombreuses banques privées en Belgique adoptent ce modèle. Nous proposons également des fonds (de profil), mais pour nous, c'est plus un point de départ qu’une fin. Cela ne signifie pas que nous investissons uniquement dans des lignes individuelles, mais que nous partons toujours de ce que veut le client. Faire investir le client de facto dans des fonds de profil ne fait pas partie de notre philosophie. Ils sont le début de l'histoire, pas la fin. »

Regard sur Londres

Selon Dumon, un avantage de travailler sur le marché belge est que, contrairement à Londres, ce marché ne cannibalise pas. « Beaucoup de richesses sont créées en Belgique et, surtout, en Flandre. De nombreux entrepreneurs ont vendu leur entreprise avec un joli bénéfice. Nous investissons ces liquidités sur le marché. 

À Londres, en tant que banque privée, vous prenez une partie de ce marché à un autre acteur. En Belgique, vous n'avez pas cela. De plus, au Royaume-Uni, nous n’envisageons que les actions et un peu d'obligations, tandis qu'en Belgique, nous investissons dans d'autres catégories d'actifs ainsi que dans le capital-investissement. » 

Durabilité

Dumon affirme que ses clients attachent une grande importance aux critères de durabilité. « Pour eux, c'est plus qu'un slogan, ils veulent également l’appliquer. Nous investissons non seulement dans des entreprises pouvant être qualifiées de durables, mais aussi dans celles qui seront les gagnantes dans le futur. Nous avons à Genève une équipe de 230 personnes qui s'occupe de la gestion de portefeuille, y compris des spécialistes de la durabilité. Pour nous, il s’agit aussi de créer une valeur ajoutée financière avec la durabilité. »

Réglementations

Enfin, Dumon exprime certaines réserves quant aux réglementations toujours plus nombreuses et plus strictes auxquelles sont confrontés les gestionnaires d'actifs et les banquiers privés. La liste est longue : MiFiD II, DAC6, RGPD, etc. « Je considère cela d’une manière positive et nuancée. Nous utilisons ces réglementations pour encore mieux connaître et comprendre notre client. Nous tournons donc cela à notre avantage. Nous avons également la chance que notre plate-forme G2, que nous avons développée en interne, soit très performante et nous permette d'appliquer de manière proactive les changements réglementaires aux profils de nos clients. »