Le gouvernement américain travaille sur une thérapie de choc, qui équivaut à une « démolition contrôlée » du système existant. Son objectif est de faire des États-Unis le centre mondial des devises numériques.
Cette semaine, baptisée Crypto week par les républicains de la Chambre des représentants, est dominée par l’examen de trois projets de loi visant à une transformation numérique radicale des États-Unis. Selon James French Hill, député de l’Arkansas, ces trois lois visent à maintenir le rôle de premier plan des États-Unis dans l’innovation mondiale.
La législation stimule les cryptomonnaies
Le Genius Act, qui vise à réglementer les stablecoins, a déjà été adopté par le Sénat. Le Digital Asset Market Clarity Act, actuellement débattu, définit la manière dont les cryptomonnaies seront réglementées et le rôle de l’autorité de régulation SEC, par exemple, dans les jetons numériques. Enfin, l’Anti-CBDC Surveillance State Act, qui interdit à la Réserve fédérale américaine de lancer sa propre monnaie numérique, est actuellement débattue.
Les cryptomonnaies atteignent de nouveaux sommets en juillet 2025.
James French Hill, également président de la Commission des finances de la Chambre des représentants, a déclaré vouloir « prendre des mesures historiques pour libérer le secteur à croissance rapide de toutes les restrictions imposées par le président Joe Biden au cours de la période 2020-2024 ».
Les investisseurs en cryptomonnaies ont compris l’importance de ces mouvements et ont investi la semaine dernière la somme considérable de 2,7 milliards de dollars, ce qui a permis au bitcoin d’atteindre un niveau record.
Une hausse du cours facilement explicable. Si la nouvelle architecture financière de l’économie américaine repose sur des registres de type blockchain – avec des contrats intelligents et une conception axée sur le numérique – cela représentera un changement fondamental. Les systèmes de comptabilité légale existants sont remplacés par des journaux de transactions en temps réel, ce qui améliore la clarté et le contrôle.
Un proche des arcanes du pouvoir à Washington parle d’une « démolition contrôlée » et d’un règlement de comptes planifié avec ceux qui ont largement profité de la récession après la grande crise financière de 2008-2009.
Un proche des arcanes du pouvoir à Washington parle d’une « démolition contrôlée » et d’un règlement de comptes planifié avec ceux qui ont largement profité de la récession après la grande crise financière de 2008-2009. Ces entreprises, principalement du secteur financier, se sont largement récompensées après cette crise, même si elles ont pris de tels risques qu’elles ont mis en péril non seulement leur propre existence, mais aussi la survie des ménages américains et du système dans son ensemble. Aucun CEO de banque n’a été condamné à une peine de prison.
Mais plus important encore : les banques ont pris de gros risques à la suite de cette crise, ce qui a entraîné une forte hausse des prix pour les consommateurs. Ce faisant, elles ont gravement endommagé le contrat social entre l’État et les citoyens, écrit l’analyste et stratège géopolitique Pippa Malmgren sur Substack.
« C’est l’heure de Robin des Bois »
L’influent universitaire Noam Chomsky écrivait après la crise de 2008 que le capitalisme se résume à « un socialisme pour les riches et un capitalisme pour les pauvres ». À l’époque, cela a également contribué aux longues manifestations opposant Main Street à Wall Street, à New York. Ou comme on disait à l’époque : « Nous avons emprunté à l’avenir pour couvrir les pertes. »
Il est donc grand temps de procéder à un réétalonnage, conclut Pippa Malmgren. Les décideurs politiques, qui en d’autres temps veillaient encore à maintenir un équilibre entre les épargnants et les investisseurs (« spéculateurs »), se sont inclinés devant les spéculateurs sous les présidences Obama et Biden. « M. Trump et son équipe se considèrent comme les valeureux chevaliers qui vont sauver l’Amérique de ces oligarques voraces qui ne se soucient pas du prix des produits de première nécessité et qui ne partageront jamais leurs richesses avec qui que ce soit. Leurs partisans sont d’accord. C’est l’heure de Robin des Bois », affirme Mme Malmgren.
Dans ce contexte, elle considère que la démolition contrôlée du système financier américain est « inévitable ». Une transformation numérique radicale est inévitable. Celle-ci s’accompagnera d’une crise de confiance et d’un déclin des institutions existantes, comme c’est le cas pour les gouvernements et les banques. Cela intéressera particulièrement les jeunes générations. D’après les enquêtes, ils sont favorables à la finance décentralisée, aux cryptomonnaies et aux solutions financières basées sur la technologie. Dans la pratique, cela pourrait mener au calendrier suivant :
Le tableau a été créé avec ChatGPT, sur la base de requêtes.
Pippa Malmgren a prévenu en 2022, lors du Sommet mondial des gouvernements à Dubaï, que « nous sommes au bord d’un changement radical… Nous allons abandonner le système monétaire traditionnel et introduire la blockchain, ce qui nous permettra de disposer d’un registre presque parfait de chaque transaction. »
La famille Trump, adepte des cryptomonnaies
Pourtant, le président Trump était encore très sceptique à l’égard des cryptomonnaies lors de son premier mandat (2016-2020). La situation a changé à l’approche de l’élection présidentielle de 2024. Il a adopté les cryptomonnaies et sa famille a largement investi après sa victoire électorale. Selon les estimations, sur le papier, cela leur aurait déjà permis de gagner plus de 2 milliards de dollars.
Ainsi, l’adoption par le président Trump des monnaies numériques a suscité l’enthousiasme du vice-président JD Vance (photo) lors de sa participation à la récente conférence sur le bitcoin qui s’est tenue à Las Vegas.
Cet article de Cees van Lotringen a initialement été publié sur opzoeknaarhetnieuweverhaal.nl.
